Balzac célèbre en elle l’occasion d’une « gastronomie de l’œil »; pour Baudelaire, elle constitue le territoire par excellence de l’ « homme des foules » et de l’artiste voué à la vie moderne. Apollinaire, afin de donner à la poésie une nouvelle jeunesse, en chante la « grâce » industrielle et Breton, comme tous les surréalistes (et, après eux, les situationnistes), s’extasie qu’on puisse l’arpenter en voulant en faire le « seul champ d’expérience valable ». Perec, enfin, souhaite en la décrivant et l’écrivant s’exercer à « voir plus platement ». La rue parisienne – à la fois lieu d’échange, de déambulation, de désœuvrement, de drague, d’exclusion, d’occupation, de révolution et d’émancipation – fascine. Ce cours se propose d’examiner la rue – et par extension l’espace public urbain – dans ses diverses représentations littéraires, du 19e siècle en passant par Mai 68 et jusqu’à l’extrême contemporain, en insistant d’une part sur l’inventivité formelle et l’ambiguïté générique auxquelles elle donne naissance, et en interrogeant d’autre part systématiquement les enjeux esthétiques, philosophiques et politiques qui s’y jouent. Parmi les auteurs au programme : Apollinaire, Aragon, Balzac, Baudelaire, Breton, Chauvier, Clerc, Debord, Divry, Kaplan, Modiano, Perec, Réda, Roubaud, Sebbar, Vallès.

Ce cours retrace l’histoire du théâtre francophone africain et caribéen à travers l’étude de six pièces de la Caraïbe et d’Afrique occidentale. Nous étudierons des textes de dramaturges caribéens originaires de Martinique, de Guadeloupe et d’Haïti, femmes et hommes, confirmés ou émergents. Parmi eux, Simone Schwarz Bart, Maryse Condé, Gaël Octavia, Jean d’Amérique. Du côté de l’Afrique nous analyserons l’œuvre de dramaturges de la diaspora issus du Bénin avec José Pliya et de Côte d’Ivoire avec Koffi Kwahulé.

L’analyse dramaturgique (fable, espace-temps, personnages, dialogue et énonciation) sera conjuguée à une étude du contexte historique, social, culturel, politique et linguistique dans lequel s’inscrivent les pièces. Nous examinerons les enjeux postcoloniaux de ces pièces qui traitent des tensions raciales, sociales et genrées, des migrations et de l’intégration ainsi que de la violence carcérale et politique. Cette étude dramaturgique et thématique des pièces sera complétée par l’examen de leur mise en scène à travers leur captation vidéo, des photos et des entretiens avec les metteurs en scène et comédiens.

Longtemps invisibles et marginalisés, les théâtres francophones s’affirment aujourd’hui sur les scènes avignonnaises, dans des lieux comme la Chapelle du Verbe Incarné et les TOMA (Théâtres d’Outre-Mer en Avignon) ou la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon. Nous profiterons de la programmation du festival pour aller voir des spectacles et rencontrer les artistes (auteurs, metteurs en scène, acteurs) quand faire se peut.

Ce cours permettra de comprendre in fine comment les dramaturgies antillaises et africaines contemporaines se distinguent des dramaturgies européennes et comment elles s’inscrivent dans la dynamique de l’échange et de la négociation entre les cultures. Le français et le créole, l’écriture et l’oralité, les apports européens et africains se combinent et se nourrissent mutuellement au sein de créations théâtrales hybrides qui disent l’esprit d’indépendance et d’invention de leurs auteurs.